Ce site
se veut une source d'informations sur le monde musical de César
Franck et de ses élèves, mais aussi un plaidoyer en leur
faveur. Il est de bon ton, dans la vie musicale contemporaine –
et jusque dans la musicologie –, de dénigrer les compositeurs
français de la fin du XIXe et du début XXe siècle.
« Nul n'est prophète en son pays », assure le proverbe,
et notamment en France lorsqu'il s'agit de musique.
« La musique française existe-t-elle ? », «
y a-t-il une identité musicale française ? » sont
des questions fréquemment posées, alors que nul ne doute
de l’authenticité des musiques russe ou hongroise, pourtant
bien plus récentes
que la nôtre… Serait-ce parce que les œuvres subtiles
d'un Koechlin, d'un Roussel, d'un Tournemire ou d'un Schmitt restent
d'un accès relativement ardu ? Il suffit pourtant de considérer
n'importe quelle partition de Gabriel Fauré ou de son élève
Roger-Ducasse pour se persuader de la force et de la spécificité
de l'identité musicale française.
Il faudrait enfin le reconnaître ; mais la critique d'art, malheureusement,
n'a jamais été une science exacte (« curieuse profession,
disait Vierne, que de diagnostiquer le génie... »). Non
seulement les jugements de la postérité ne sont jamais
définitivement établis, mais ils reposent autant sur des
considérations politico-économiques que sur des valeurs
artistiques. Voilà pourquoi le temps n’est pas toujours
« un grand maître » : il est trop facile, au contraire,
de traiter avec dédain les écoles du passé, simplement
parce qu’elles ne correspondent plus aux valeurs du présent,
simplement parce que nous sommes après. Il faudrait
pourtant se souvenir de ces mots de Péguy, extraits du Dialogue
de l'histoire et de l'âme païenne :
"Il
est effrayant de penser que nous avons toute licence, que nous avons
le droit exorbitant, que nous avons le droit de faire une mauvaise lecture
d'Homère, de découronner une œuvre du génie,
que la plus grande œuvre du plus grand génie est livrée
en nos mains, non pas inerte mais vivante comme un petit lapin de garenne.
Et surtout que la laissant tomber de nos mains, de ces mêmes mains,
de ces inertes mains, nous pouvons par l'oubli lui administrer la mort.
Quel risque effroyable !"
Et parmi tous
ces esprits, ces cœurs, ces beaux noms que l'on oublie, nous avons
choisi ceux qui sont peut-être les plus admirables et les plus
emblématiques de cette grave situation : les tenants du franckisme.
Cette véritable école naguère fustigée pour
ses audaces, aujourd'hui méprisée pour son conformisme,
a grand besoin d'être défendue. Qu’elle trouve ici
le modeste mais vibrant témoignage de notre admiration.
Les
auteurs :
Jean-Philippe Dartevel & Valérien
Pitarch
L'amateur
éclairé ou le musicologue pointilleux relèveront
dans ce site des lacunes certaines et d'inévitables omissions
(la Société Nationale de Musique mériterait une
plus grande place, de même que les "XX" puis la "libre
esthétique", fondées par l'admirable Octave Maus
et qui ont permis à Bruxelles de tenir le haut du pavé
artistique à la charnière des deux siècles, sans
oublier la Schola Cantorum, considérée par Vincent d'Indy
comme l'héritière de la pensée de Franck). Par
avance, nous nous en excusons et tenterons d'y remédier dans
nos futurs aménagements.
Nous vous engageons vivement, toutefois, à nous
faire part de vos remarques, qu'elles soient favorables ou non.
Ces pages ont été conçues dans cette optique beethovennienne
de la musique, celle que partageaient – avec leur maître
– tous les élèves de Franck : "partie du cur,
qu'elle retourne au cur".
Merci à Jean-Paul Delorme, Mireille et Bernard Dartevel pour
leur soutien constant.
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