n titan, le plus grand compositeur mystique, peut-être, que l'histoire ait connue. La musique de Charles Tournemire est le reflet de l'homme exigeant, sensible et altier décrit par ses contemporains. Organiste de l'église Sainte-Clotilde, digne héritier de son maître César Franck, il laisse pour son instrument des pièces tour à tour intérieures et puissantes, d'une prodigieuse altitude. L'Orgue Mystique est "une merveille d'art mi-gothique, mi-ultra moderne, de la plus éblouissante originalité" (Olivier Messiaen), un ouvrage "incommensurablement écrasant" où les chefs œuvres se comptent par centaines. Mais Tournemire est aussi l'un des grands symphonistes français (huit symphonies merveilleusement orchestrées), un créateur d'opéras et d'œuvres religieuses de tout premier plan. Sait-on qu'il écrivit le "Tristan" français ?
Ce qui frappe à l'audition de sa musique, c'est l'atmosphère enchanteresse, le sens du mystère et du grandiose, une constante élévation d'esprit. L'artiste, indubitablement, a l'étoffe d'un géant : devra-t-il attendre un siècle encore une juste reconnaissance ?