a noblesse d'âme d'Ernest Chausson, son exquise sensibilité, sa délicate intelligence ont frappé tous ses contemporains, qu'ils soient musiciens, peintres ou bien grands poètes. Et l'on serait bien en peine de trouver dans son œuvre mélancolique la moindre trace de vulgarité. Alliant la volupté de Massenet à la rigueur franckiste, la musique de Chausson se caractérise par la douceur de ses formes et le raffinement de ses idées. Tout au long de sa courte carrière (une vingtaine d'années), il travailla pour se forger un langage personnel, y parvenant enfin lorsque le destin le faucha.
Affranchi de la contrainte de devoir vendre sa musique pour vivre, poussé par la sensation confuse d'une disparition prématurée, il composait avec une unique obsession : "l’Idéal". D'une grande culture et d'un goût très sûr, il recherchait sans cesse de nouvelles amitiés, et nombreux sont les artistes, inconnus alors, célèbres aujourd'hui, qui ont trouvé chez lui un accueil généreux. Oublié des théâtres lyriques (Le Roi Arthus est pourtant un authentique chef d'œuvre) et des salles de concert, gageons que ses qualités en feront un pensionnaire incontournable des répertoires du futur.