Naissance, le 15 juin 1864 à Guingamp (Côtes d'Armor) de Joseph Guy Marie Ropartz, fils d’un grand avocat. Il obtient sa licence de droit en 1885, et entre la même année au Conservatoire de Paris dans les classes de Jules Massenet et Théodore Dubois. Il y rencontre Albéric Magnard dont il sera, sa vie durant, le plus ardent défenseur. Bouleversé l’année suivante par l’audition du Chant de la Cloche de Vincent d’Indy, il veut connaître le nom du maître de ce jeune compositeur. Et comme on lui répond : "César Franck", Ropartz conclue aussitôt : "je travaillerai donc avec César Franck". C'est ainsi que le musicien prenait contact avec les trois grandes figures de sa vie : Franck, le maître vénéré, d’Indy, qu’il considérait comme le chef de file de l’école française, enfin Magnard, un des artistes les plus doués de sa génération.

 

Parallèlement, Guy Ropartz compose des vers et mène des activités de critique musical. Il publie les Adagiettos en 1888, les Modes mineurs - second recueil de poèmes - en 1890, enfin Les Muances en 1892. Sa poésie, pénétrée de l’âme bretonne, se rattache à l’école parnassienne comme au symbolisme naissant. En voici quelques exemples :
"Tu dois, seul,
Parcourir les sentiers où ton rêve te mène,
Enveloppé dans l'art comme dans un linceul"

Adagiettos
"Et je goûtais, dans la solitude des grèves,
L'ineffable tourment de songer au passé"

Modes mineurs

Mais la musique l’absorbe bientôt de manière exclusive, d’autant qu’il est nommé, à l’âge de 30 ans, directeur du Conservatoire de Nancy.

 

Directeur, professeur et chef d’orchestre, Ropartz fait de Nancy, en quelques années, un haut lieu de l’art musical français. Outre les pièces symphoniques d’Albéric Magnard, il dirige en première audition de nombreux chefs-d’oeuvres, comme le Poème pour violon et orchestre d'Ernest Chausson. En 1919, il est nommé à la tête du conservatoire de Strasbourg. Avec persévérance, il défendra la musique et les méthodes françaises dans une ville encore sous le joug culturel allemand. Il donne son concert d’adieu en 1929 avec Les Béatitudes de Franck, et se retire dans son manoir de Lanloup. C’est là qu’il mourra le 22 novembre 1955.

 

Serviteur inlassable des plus grands musiciens français, Guy Ropartz n’est pas un créateur de moindre envergure. Paul le Flem, lui aussi compositeur breton, à tenté de définir son style : "Deux sentiments semblent avoir particulièrement guidé Guy Ropartz et inspiré sa musique : la foi religieuse et l'amour du terroir [...] Cette foi, on la devine chez lui à la gravité du ton, à la sérénité des phrases qui se dégagent de l'emprise des passions et laissent après elles une impression d'infini." L'œuvre de Ropartz, extrêmement riche et variée, comprend notamment six quatuors à cordes, un puissant trio, l'adorable Prélude, Marine et Chanson, cinq grandes symphonies, un opéra (Le Pays), un grand Psaume 136, le délicieux Miracle de Saint-Nicolas, de très belles mélodies, une œuvre d’orgue conséquente. Il est également l’auteur d’un Requiem (1938), qui est peut-être son chef d’œuvre, et qui figure indéniablement parmi les pages les plus inspirées de la musique religieuse. Fidèle jusqu’à sa mort aux principes esthétiques de son maître, il croyait à la toute puissance de l’inspiration : "ce n’est cependant pas que ce que j’écris soit bien compliqué, - disait-il - mais je pense que sous sa simplicité il y a une vie intérieure que sentent ceux qui ont vécu près de moi."